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19
Nov

Génération « happy » : l’esprit anticrise donne des ailes aux entrepreneurs

« Happy  », le succès de Pharrell Williams, affiche 500 millions de vues sur YouTube et illustre la tendance de fond antimorosité. – Photo AFP

Faut-il être heureux pour réussir ? En tout cas, percevoir et anticiper de manière positive la réalité est une qualité nécessaire à tout entrepreneur. Aux yeux des clients aussi, l’optimisme est un accélérateur de réussite.

Du vin en canette, c’est le pari iconoclaste de Cédric Segal. En février dernier, cet entrepreneur de vingt-neuf ans participe au Salon international Vinisud à Montpellier pour faire découvrir sa marque Winestar, créée en 2010. Et il installe, flottant au-dessus de son stand, un gros ballon gonflé à l’hélium qui arbore une canette bien visible dans les allées très fréquentées par les professionnels vinicoles. « Au matin du deuxième jour, nous avons retrouvé le ballon percé et saccagé, explique Cédric Segal. C’est vrai, je me fais régulièrement traiter d’hérétique, mais, cette année, on va vendre 1 million de canettes, essentiellement à l’export. » Face à l’adversité, Cédric n’a jamais baissé les bras. Sa recette ? Des objectifs rapprochés et réalistes qui agissent sur lui comme autant de petits succès et de preuve de concept. Cette ténacité lui a même valu le prix Audace Awards 2013 dans la catégorie persévérance.

Apprendre à rêver

« L’optimisme, c’est 90 % de la réussite. Et l’optimisme, c’est avoir envie et y croire, assène Pascale Joly, entrepreneure, coach et organisatrice des Audace Awards. Le reste, c’est de la méthodologie. J’ai planté ma première boîte parce que je faisais tout à l’instinct. Aujourd’hui, je cadre. Et il est plus facile d’apprendre à cadrer que d’apprendre à rêver. » La messe est dite… Pas tout à fait. S’il est désormais établi que l’optimisme est bon pour la santé – le pessimisme fatigue -, reste à prouver qu’un entrepreneur optimiste aura de meilleures chances de succès.

Etre optimiste, c’est avant tout une manière de voir le monde, une question de perception. Le fameux verre à moitié plein… « L’optimiste a plus de lucidité qu’un pessimiste, il possède les ressources pour identifier les obstacles et les lever, explique Alexandre Jost, fondateur du think tank La Fabrique Spinoza. Son regard, sa perception positive agit sur la réalité. » Ne vous y trompez pas ! Cela n’a rien à voir avec la méthode Coué. Il ne suffit pas de répéter le mantra « Je vais réussir, je vais réussir » à longueur de journée, pour devenir un Xavier Niel en puissance. Et pourtant, disposer d’un tempérament optimiste est bien un atout dans un projet entrepreneurial. Passion, vision, résilience sont autant de qualités partagées aussi bien par les optimistes que la plupart des entrepreneurs. « L’optimiste ne généralise pas ce qu’il lui arrive de désagréable, analyse le psychiatre Alain Braconnier*. Il circonscrit l’événement pénible à un champ précis, un moment donné et ne le lie pas excessivement à lui-même. L’optimiste fait preuve de combativité, il se donne des objectifs et construit une illusion positive. »

« Une nouvelle utopie »

Seulement voilà, en France, faire preuve d’optimisme, c’est un peu contre nature. Notre éducation est profondément marquée par le doute et la suspicion. « La déconstruction du réel », précise Philippe Gabilliet (lire ci-contre). Les crises à répétition fendillent l’armure. la tendance Happy ! est à l’oeuvre. « Après une période marquée par l’ironie, on entre dans la pure gentillesse, commente Alexandra Jubé du cabinet de tendances Nelly Rodi. Cela va au-delà de l’effet compensatoire, par exemple la « comfort food » pour se faire plaisir. C’est une nouvelle utopie. Les jeunes veulent être les artisans de leur propre bonheur. » Petits plaisirs, humour décalé, coopération… Même les grandes marques s’y mettent, comme Nutella avec « enthousiasme » ou Coca-Cola avec « Share a coke ». Les entrepreneurs inventent de nouveaux business (lire page suivante). Et, parmi eux, beaucoup, de jeunes. « Comme si le courage et l’enthousiasme avaient sauté une génération », constate André Dupon, le président du Mouves, Mouvement des entrepreneurs sociaux.

*« Optimiste », Alain Braconnier, éditions Odile Jacob.

Yves Vilaginés / journaliste, lhttp://www.lesechos.fr/thema/optimisme-creation/0203935556970-generation-happy-lesprit-anticrise-donne-des-ailes-aux-entrepreneurs-1065858.php?ZZ049CxerTOPWcDO.99 http://www.lesechos.fr/thema/optimisme-creation/0203935556970-generation-happy-lesprit-anticrise-donne-des-ailes-aux-entrepreneurs-1065858.php?ZZ049CxerTOPWcDO.99

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