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30
Sep

Les émotions positives sont-elles vraiment bonnes pour la santé?

PSYCHO – Les émotions sont ce qui donne couleur et intensité à l’existence, sans elles, nos vies seraient bien ternes. Les émotions ont un rôle important à jouer dans la santé mentale, on le sait, mais également, on l’a découvert plus tardivement, dans la santé physique. Pour mieux comprendre ce rôle, les chercheurs ont divisé les émotions en désagréables ou négatives (colère, dégout, tristesse,…) et agréables ou positives (sérénité, curiosité, joie, …).

Pour ce qui est des émotions négatives comme le stress, l’anxiété, la colère, on connaît bien désormais leur impact délétère sur le corps, sur notre physiologie et notre santé.

Qu’en est-il des émotions positives?

C’est par hasard, lors d’une étude désormais célèbre réalisée dans un monastère américain, la Nun Study, qu’a débuté l’histoire des liens entre émotions positives et santé. Dans cette étude, des textes rédigés par les jeunes nonnes des dizaines d’années plus tôt lors de leur entrée au couvent étaient analysées en fonction de leur tonalité émotionnelle, alors que ces mêmes nonnes étaient maintenant d’âge respectable. Les chercheurs qui s’étaient lancés au départ dans une étude sur la maladie d’Alzheimer eurent la surprise de trouver que les nonnes ayant écrit dans leur jeunesse des textes riches en émotions positives vivaient plus longtemps, parfois jusque 10 ans de plus, que les nonnes dont les textes contenaient peu d’emotions positives.

A leur suite, de nombreux laboratoires de recherche se sont lancés dans cette direction en espérant percer le secret des liens entre émotions positives et longévité. Après plus de 20 ans de travaux sur le sujet, une somme de résultats intéressants commencent à émerger.

Quels sont-ils?

Les mécanismes qui lient les émotions à la santé sont bien entendu multiples et complexes et il serait dangereux de penser que l’on va guérir d’une maladie grave uniquement grâce au pouvoir des émotions positives.

Pour autant, il semble dorénavant que les émotions positives sont liées à de nombreux bénéfices sur le plan de la santé physique: une résistance plus élevée face aux infections, une probabilité diminuée d’accidents cardiovasculaires et vasculaires cérébraux, et comme on l’a vu chez les nonnes, une longévité prolongée.

Une des premières études qui peut nous aider à comprendre les effets bénéfiques des émotions positives sur la santé du cœur a été réalisée en laboratoire par l’équipe de Barbara Fredrickson. Dans cette étude, les participants, après avoir été mis en situation de stress (stress objectivé au niveau physiologique par une fréquence cardiaque et tension artérielle élevées) visionnaient 4 types de vidéos entrainants des états émotionnels différents (tristesse, état neutre, contentement, joie). Selon l’émotion déclenchée, le cœur des participants mettait plus ou moins longtemps à revenir à la normale. C’est chez les sujets ayant visionné la vidéo triste que la fréquence cardiaque et la tension artérielle mettaient le plus de temps à se normaliser. C’est chez ceux qui avaient visionné les vidéos entrainant joie et contentement que la fréquence cardiaque et la tension artérielle revenait le plus rapidement à la normale. Les émotions positives permettaient donc au cœur de « reprendre ses esprits » plus vite en luttant contre les effets négatifs du stress.

Alors, être heureux est-ce vraiment comme le disait Voltaire, bon pour la santé?
Oui, mais cela ne veut pas dire qu’il faudrait tomber dans ce que certains appellent la tyrannie de la pensée positive. La vie est faite de moments tristes et gais, d’adversité et de challenges. Les émotions positives ne sont qu’une partie de la palette des émotions que nous ressentons et il n’est nullement question d’être en permanence souriants, calmes, optimistes et heureux. La richesse de l’existence humaine est liée à cette alternance d’émotions désagréables et agréables, et nous profitons probablement mieux des moments de calme et de plaisir lorsqu’ils ont été précédés d’instants de contrariété ou de déception.

Regardons d’ailleurs encore plus précisément ce qu’en disent les scientifiques, qui vont maintenant chercher les traces du bonheur jusqu’au plus profond de nos cellules. Il semble que le bonheur ait plusieurs facettes et que notre façon d’être heureux ait en elle-même de l’importance. On le sait, la définition du bonheur est loin d’être simple. Elle occupe d’ailleurs de nos jours des chercheurs issus de disciplines aussi différentes que la psychologie, la philosophie et l’économie.
En tentant d’analyser quel type de bonheur avait davantage de répercussions positives sur la santé physique, l’équipe de Steven Cole de UCLA, associée à celle de Barbara Fredrickson – encore – est revenue à une distinction déjà établie il y a bien longtemps par les philosophes de la Grèce antique : bonheur hédonique ou eudémonique. En quoi sont-ils différents ? Le bonheur hédonique est lié à la recherche du plaisir et à l’évitement de la souffrance alors que le bonheur eudémonique correspond, lui, à la réalisation de soi, à l’autonomie, aux relations positives que l’on a avec les autres, ainsi qu’au sens que l’on donne à l’existence.

Même si les deux types, hédonique et eudémonique, sont comparables en termes de ressenti, il semblerait qu’ils aient sur notre organisme et sur nos cellules un impact différent. Seul le bonheur de type eudémonique, qui dépasse la gratification immédiate, activerait dans nos cellules les gènes impliqués dans les mécanismes antistress.

Quelles conclusions peut-on en tirer?

Que pour être en meilleure santé tant mentale que physique, la recherche des émotions positives et du bonheur n’implique pas de se replier sur soi-même en portant des lunettes roses mais plutôt de trouver ce qui peut donner plus largement, au delà du plaisir immédiat, du sens à notre existence. Cela passe, ne l’oublions pas, essentiellement par les liens forts que nous pouvons avoir avec les autres.

Source : , pour l’Huffington Post

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