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Mai

Intervention d’Emmanuel Macron – 18 MARS 2016

SÉANCE D’OUVERTURE DU PRINTEMPS DE L’OPTIMISME 2016

Chères toutes et chers tous, bonjour,

Je suis ravi d’être parmi vous ce matin. Je suis ravi parce que vous êtes en quelque sorte culottés, dans les temps que nous parcourons, de promouvoir l’optimisme et d’en faire en quelque sorte un slogan. Et ce fait même, d’être intempestif, c’est-à-dire à ne pas correspondre à l’esprit du temps pour marquer sa liberté, j’y adhère.

Il est vrai que lorsqu’on regarde l’état du pays, on peut se dire que penser l’optimisme au cœur de nos valeurs n’est pas évident. On regarde les grands sondages et les grandes tendances, il y a près d’un jeune sur deux qui pense que son avenir sera meilleur à l’étranger plutôt qu’en France. Et quand on regarde les indicateurs d’optimisme, de confiance en l’avenir, eh bien, on s’aperçoit que les Français sont moins confiants en leur avenir et en leur propre pays que ne le sont les Bangladais, les Pakistanais ou les Nigérians. Ce qui en dit long ! Et donc, chercher à promouvoir l’optimisme aujourd’hui, ça ne doit en rien être une forme de naïveté revendiquée.

En effet, ça n’est pas essayer de faire revivre Pangloss, et se compromettre dans une sorte de béatitude coupable. Mais c’est d’abord essayer de chercher à comprendre pourquoi on peut légitimement être optimiste aujourd’hui en France et surtout à quoi cela engage. Je suis, pour ma part, convaincu qu’il y a deux bonnes raisons d’être optimiste en France. La première est que l’optimisme est un pragmatisme. Le pessimisme ne sert à rien. C’est donc la foi en la capacité à se relever et à jouer sa dernière chance. Tous les entrepreneurs et beaucoup de nos concitoyens savent qu’ils ont à se battre au quotidien pour créer, innover, investir, redresser leur activité ou en inventer une autre.

Parce qu’il y a de bonnes raisons d’être optimiste quand on regarde l’état du pays en vérité. Quand on regarde les chiffres d’abord : cette économie demeure robuste, ce pays demeure l’un des plus importants au monde, dans les 5 premiers en termes d’économie, dans les 5 premiers en termes d’image. La France demeure une grande puissance politique. Et il y a un ressort dans le peuple français qui doit nous conduire à être optimiste. Nous l’avons encore vu en fin d’année dernière, il y a une capacité insoupçonnée, au quotidien, à se relever, à se redresser, à se battre. À chercher justement à se mobiliser toutes et tous ensemble lorsque l’adversité revient, et ça ce sont aussi de bonnes raisons d’être optimiste.

Alors, maintenant, qu’est-ce que c’est l’optimisme, et en particulier lorsque vous parlez d’économie plus largement ? C’est d’abord la capacité à innover. Et je crois qu’au cœur de l’optimisme, il y a cette capacité qu’ont les femmes et les hommes à inventer des choses nouvelles, des perspectives nouvelles, qu’elles soient technologiques, qu’elles soient sociales, qu’elles soient économiques, qu’elles soient relationnelles. Tout est en train de se bouleverser aujourd’hui dans notre pays mais aussi plus largement dans le monde. Et la capacité à innover, c’est-à-dire, à dessiner les quelques éléments qui aujourd’hui se disposent devant nous, à chercher à transformer le monde dans lequel nous vivons. C’est un ressort formidable.

C’est ce qui nous permet d’être l’un des pays qui créent le plus de start-up en Europe. Nous en créons 1 500 par an. C’est plus que l’Allemagne, c’est en fait presque plus que le Royaume-Uni, qui bénéficie par ailleurs d’une situation différente en termes de financement. Nous sommes l’un des pays qui excellent dans la biotechnologie, aujourd’hui de plus en plus dans la robotisation, dans la nanoélectronique et la nanotechnologie, dans l’intelligence artificielle et nous avons surtout des champs nouveaux de cette nouvelle France industrielle, des leviers formidables.

Mais l’innovation, c’est aussi la capacité des grands groupes à se réinventer par des interactions justement plus fréquentes et plus fortes que naguère avec ces start-up, et par la capacité de leur architecture ouverte (qui n’était pas dans la mentalité de nos grands groupes, il y a encore 10 ou 20 ans) à retrouver la sève de cette vitalité commune. Nous avons une force, puisque nous parlons des grands groupes, en France nous avons ce CAC 40. Le paradoxe est que beaucoup trop de Français voire de partis politiques ne l’aiment pas. Nous aimons les petits entrepreneurs mais nous n’aimons pas les grandes entreprises.

Mais ils sont l’un des ciments de notre activité économique et leur moyenne d‘âge est de 105 ans. Et donc tout le défi est de retrouver l’optimisme à 105 ans, d’être en capacité d’avoir cette mobilité à regarder devant, cette capacité à voir les start-up. En comparaison, le NASDAQ a une 15 d’années d’âge moyen, donc les gens sont différents et les mentalités sont différentes. Mais nous devons en faire une chance justement par ces interactions, par cette capacité à vouloir se projeter, par l’innovation qui doit être aujourd’hui au cœur de notre vie politique et économique et de réinventer des lignes nouvelles.

Ensuite, nous sommes dans un pays un peu étrange où l’on conspue bien souvent l’État et la chose publique mais on a tendance à tout attendre d’eux. C’est étonnant mais cela fait partie des paradoxes français. Eh bien, je crois très profondément que l’optimisme passe par le discours de vérité des gouvernants. C’est-à-dire par la capacité, non pas à masquer les problèmes, non pas à transformer le quotidien, mais à dire les choses telles qu’elles sont.

Pierre Mendès France avait une belle formule à ce titre qui disait : «  Parler le langage de la vérité, c’est le propre des véritables optimistes. Et je suis optimiste moi qui pense que ce pays accepte la vérité, qu’il est prêt à prendre la résolution inflexible de guérir, parce qu’alors il guérira. » . Et c’est ça le défi politique qui nous est collectivement posé aujourd’hui, qui est un défi politique, qui est économique mais qui consiste à dire que si on dit les choses, si on nomme le mal, les difficultés dans tous les champs, nous nous donnons les chances de rebondir, d’aller de l’avant.

Et puis, enfin, être optimiste -et c’est vrai dans l’entreprise comme partout-, c’est décider d’avoir une autre relation avec le passé. Et nous sommes, en France, peut-être trop souvent obsédés par notre passé. On doit comprendre ce qu’il est advenu, on doit comprendre les choses qui nous ont précédés, c’est une hygiène indispensable. Mais, en même temps, nous n’avons de cesse de préserver ce qui a déjà été ou de préserver ce que nous connaissons ou, en quelque sorte, de vivre dans la nostalgie d’un passé qui n’a jamais été.

Et quand je regarde les pans entiers de notre économie, la capacité que nous avons d’ailleurs constamment à faire référence aux 30 glorieuses ou à l’idée que nous nous en faisons, je pense très profondément que nous avons à réinventer, comme les start-up, comme les entreprises centenaires, un nouveau modèle de croissance. qui repose non pas sur des garanties et des équilibres construits en 1945 mais sur la capacité à saisir des parcours de plus en plus heurtés, des bouleversements économiques, des disruptions, comme il convient de les appeler aujourd’hui, qui peuvent tout bouleverser mais qui supposent d’armer les individus pour qu’ils puissent tout au long de leur vie prendre part à ce monde beaucoup plus brutal mais en même temps riche de beaucoup plus d’opportunités et, à chaque fois, rebondir, réinventer, innover.

De la même façon, l’Europe dans laquelle nous sommes plongés, qui est l’une de nos missions historiques, nous ne l’a construirons pas avec optimisme si nous ne regardons que le passé, si nous pensons que nous sommes uniquement les vestales de quelque chose qui n’a jamais totalement été. Elle ne s’est construite que par l’énergie d’entrepreneurs, parfois de grands inconscients, que par l’énergie de ceux qui ont voulu prendre des risques à un moment donné parce que regarder devant c’est prendre des risques ! Et, au fond, c’est ça l’optimisme et c’est pour cela que je suis là ce matin !

C’est la volonté, en étant assis quelque part, debout à un endroit, avec volontarisme de regarder ce qui va advenir et de vouloir y jouer un rôle résolu, d’avoir cet appétit pour le futur, parce que nous sommes toutes et tous convaincus qu’il nous appartient car c’est nous qui allons le faire. C’est, je crois, la principale différence entre un optimiste et un pessimiste. Les deux sont normalement lucides sur ce qui se passe, mais le pessimiste s’est habitué à vivre dans la componction de celui qui préfère voir la négativité, voir les horreurs qui vont advenir, voir les difficultés. L’optimiste est résolu à l’idée qu’il peut tout changer et qu’il peut inventer ce qui justement va advenir. C’est une différence fondamentale.

Et au fond, et je conclurai là-dessus, les optimistes sont comme les idéalistes. Ce sont et ce doivent être de grands pragmatiques. Donc soyez optimistes, soyez pragmatiques et ayez ce gout immodéré pour l’avenir parce que c’est de cela dont nous avons besoin !

Pour découvrir ce discours en vidéo, c’est par ICI.

 

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