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18
Jan

Gilles BOETSCH, La grande muraille verte : Des arbres contre le désert, Editions PRIVAT – mai 2013

Le bien-être des populations humaines ne peut se réduire à une accumulation des richesses matérielles, bien que celles-ci rendent la vie quotidienne un peu plus agréable : il passe aussi par une relation harmonieuse avec l’environnement. Notre planète semble vivre une crise écologique majeure, connue sous le nom générique de «réchauffement climatique» et dont les causes sont encore débattues par les scientifiques. Certaines régions sont fortement touchées par la désertification, en particulier les zones arides comme le sahel, souffrant depuis plusieurs décennies d’un déficit pluviométrique qui en a bouleversé les grands équilibres écologiques.
Désireux de stopper ce processus destructeur de désertification, dans lequel les activités humaines ont leur part de responsabilité, plusieurs états et communautés se sont lancés dans des initiatives individuelles et collectives. l’aspect novateur de ces démarches réside dans l’impérieuse nécessité de mieux comprendre la complexité des interactions entre l’homme et la nature – notamment en ce qui concerne l’utilisation des ressources disponibles -, afin de rectifier certaines erreurs commises par le passé. Les enjeux de cette entreprise planétaire sont à la fois politiques, sociaux, écologiques et scientifiques : ils visent à accroître le bien-être des populations d’aujourd’hui tout en conservant une grande diversité écologique pour les générations futures. Dans le sahel, au sud du Sahara, zone intermédiaire entre les régions désertiques et tropicales caractérisée par un climat semi-aride à la pluviométrie de plus en plus incertaine, le processus de désertification a été accéléré par une multitude de facteurs tels que le manque de ressource en eau, la surcharge pastorale, la coupe du bois pour de multiples usages… dans ce contexte, le projet de la grande muraille verte constitue une réponse politique africaine. Les agents des eaux et forêts ont été la cheville ouvrière de ce projet de restauration écologique, relayés aujourd’hui par l’agence sénégalaise de la grande muraille verte qui assure la sélection des semis, la mise en terre des plants dès la période de mousson, le suivi de leur croissance et la surveillance des parcelles mises en défens…
La réussite de ce projet n’est pas seulement liée à une meilleure technicité, comme le choix d’espèces autochtones susceptibles de survivre dans un contexte bioclimatique difficile ; elle repose sur de nombreux autres éléments, et en premier lieu le facteur humain. Le mode de gouvernance, les intérêts économiques des populations, en particulier celles qui vivent de l’élevage, la nécessité d’un développement durable, l’aspiration à un mieux-être sont autant de paramètres à prendre en compte. Car les projets décidés par des instances politiques n’ayant pas toujours une bonne connaissance des valeurs et des désirs des populations connaissent un cuisant échec – cela a été régulièrement le cas par le passé, notamment en Algérie dans le cadre du projet de «barrage vert». C’est par la négociation, la prise en compte du point de vue des populations locales qu’un tel projet conciliant régénération écologique et développement durable pourra aboutir, en les amenant peu à peu à une adhésion certaine.

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